"Un jour j'ai assis la beauté
sur mes genoux et je l'ai trouvée amère et je l'ai injuriée".
L'expérience de l'amertume de la beauté d'Arthur Rimbaud
est une phase indispensable à celui qui explore un langage de création.
Ce langage, et donc la peinture, reste une aventure intérieure.
Elle est le chemin étroit qui nous mène au bout de nous,
à notre part d'ombre, elle trouble nos annonce de nouvelle lueurs,
une future clarté. Elle est le versant caché de toutes illuminations,
des irradiants tournesols de Van Gogh aux chaudes révérences
des nymphéas de Monet et quand Bonnard l'amoureux peignait dans
une solitude à deux le corps nu de la femme dans une baignoire avec
de chatoyantes couleurs jaunes, mauves et roses ce n'était que la
tragédie transcendée de la mort prochaine de l'être
aimé.
Ne regardez pas la peinture de Sausen Mustafova comme échouée sur les rives noires du désespoir, ces expressionnistes personnages, ces crânes nous parlent de sa conscience, ils arrachent son masque et le nôtre, ce souterrain carnaval la place d'emblée dans le cercle des poètes de la matière. René Strubel
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"Elle prend des mots, elle
les complète, elle les transforme, les dénature, elle prend
des pages entières, elle les recouvre, les ensevelit, les plonge
dans ses ombres ou les éclaire de biais, elle choisit des passages,
en ignore d'autres, elle triture, elle s'en mêle, elle trouble tout,
elle racle la matière même du livre, elle en fait surgir une
autre, elle redonne du souffle et de la chair aux mots, elle leur interdit
de se figer dans un sens, elle a fait une sculpture d'une petite femme
rêvée qui courait sur un mur et que je croyais insaisissable,
elle ne fait pas un autre livre, elle fouille, elle exhume, elle subvertit,
elle danse avec."
Antoine Lacomblez (à propos du travail de Sausen Mustafova sur son livre "Guratik anilor") Ci-contre, une statue réalisée par Sausen Mustafova et inspirée par ce même livre. |